jeudi 11 octobre 2018

la charge mentale d'une meuf bio


Aujourd'hui, un article qui sort un peu de l'ordinaire, où il sera question de féminisme et de recherche de perfection... écrit il y a plus d'un an et oublié dans les brouillons du blog, je n'osais pas le publier pour éviter de blesser mon compagnon, mais bon le temps a passé, les choses se sont améliorées depuis et les copines du blog m'ont dit que cet article pourrait parler à d'autres femmes, alors le voici ! Imaginez qu'on est encore en 2017, que #metoo n'était pas encore passé...






J'imagine que si vous tombez sur ce blog c'est que vous êtes une femme et que vous voulez bien faire, le genre de meuf bio comme moi qui refuse les sacs plastiques, qui a lu "la magie du rangement", qui achète ses légumes au magasin bio. Et souvent, celle qui est à l'initiative du changement dans sa famille, qui assume seule presque toutes ses nouvelles habitudes et qui est fatiguée.

Il y a quelques temps sur les réseaux sociaux, une bd sur la charge mentale des femmes a fait beaucoup réagir. Et pour cause, l'auteure Emma parlait d'un poids invisible qui pèse sur les épaules de beaucoup de femmes en couple avec un homme : être celle qui pense à tout, celle qui anticipe tout, celle qui a une vision globale et à long terme de la famille, telle une chef d'entreprise. Et mine de rien c'est fatiguant...

Fallait demander - Emma


Je suis en couple avec mon conjoint depuis 14 ans et au début, les tâches étaient plutôt bien équilibrées, lui gérait les repas (donc les courses) et moi je faisais le ménage. Au début de notre relation, on étaient de jeunes étudiants et les plats surgelés, les pizzas et les pâtes c'était notre quotidien et donc super simple à gérer. 
Puis petit à petit, j'ai eu envie de plats plus équilibrés, alors j'ai commencé à mettre le nez dans la cuisine, à préparer des soupes. Donc si je voulais manger sain, il fallait que je cuisine.

Et après, pour améliorer encore, j'ai décidé qu'on mangerait du bio. D'abord, les fruits, puis les légumes, puis les pâtes... comme c'était ma lubie, il fallait que j'assume, donc c'était moi qui allait faire les courses au magasin bio. Mon conjoint continuait d'acheter le reste au supermarché.

Puis est venu le vrac ! Bien sûr, c'est ch*ant, alors j'assumais tout et je gérais la plus grande partie des courses... sans parler des sacs en tissu et des bocaux en verre qu'il faut avoir propres et d'avance.

Après j'ai commencé à faire mes propres yaourts, mon propre pain, ma propre lessive, mon propre lait d'avoine... 

Par ailleurs, je suis maman, donc j'ai changé 99% des couches de mon fils, j'étais en charge du nettoyage de nez, aujourd'hui encore, je gère les histoires du soir, les rdv chez le médecin, les inscriptions à la cantine, au centre de loisirs, les livres à rendre à la bibliothèque et ne pas oublier le sac de piscine à mettre dans le cartable le lundi. 

Et l'influence des réseaux sociaux : Instagram, Pinterest, les méthodes Fly Lady, Konmari et les blogs qui montrent sous leur meilleur jour la vie de femmes qui manient à la perfection l'éducation positive tout en passant un coup de serpillière avant de se coucher... qui me donnent toujours l'impression que je n'en fais pas assez. 

Bien sûr, tout n'est pas noir, avec mon conjoint on partage les aller-retours à l'école, il s'occupe de quasiment tous les repas, il fait le ménage de temps en temps (surtout quand il y a des invités)... mais par rapport au début de notre relation, on est plus du tout dans le 50/50. Pas parce qu'il en fait moins, mais parce que j'ai voulu en faire plus : plus rangé, plus propre, repas plus équilibré, plus bio, moins de déchet, sans oublier l'arrivée d'un enfant. Petit à petit, j'ai fini par prendre en charge la majorité des tâches et des soucis. 

A la longue, même si je suis (très très très) bien organisée, que je suis armée de mon bullet journal, de mon filofax, de ma to-do list, et des alarmes de mon téléphone, ça me pèse quand même d'être toujours en alerte. Et souvent vers 18H, je tombe de fatigue. 

Donc quand la BD d'Emma est sortie, ça m'a fait tilt et j'ai réussi à mettre des mots sur quelque chose que je n'arrivais pas à définir depuis longtemps : la charge mentale.

J'ai réalisé que, non, je n'étais pas en charge de la famille. Que je n'avais pas à "déléguer". Qu'on vit ensemble et qu'il est tout autant responsable de la maison, puisque c'est aussi sa maison. Que même s'il ne sait pas faire quelque chose, il peut très bien apprendre. 

Après une discussion avec lui, ça va mieux. Par exemple, on va faire les courses ensemble, on se motive à deux et comme ça il connaît mon magasin de vrac, il voit comment je fais, ça ne lui paraît plus comme un "truc bizarre". Il peut aussi choisir lui-même les aliments, comme c'est lui qui cuisine, c'est plus logique. Côté ménage, je continue d'assumer la plupart des tâches, mais il range plus qu'avant, petit coup de balai, nettoyage des tables. 
Par contre, dès que j'ai commencé à lâcher du lest sur l'organisation de la maison, il a eu quelques ratés comme oublier le sac de piscine et retourner en catastrophe à l'école...


En bref, quelques étapes pour alléger la charge mentale

  1. Réaliser qu'on est libre de refuser cette charge. Et aussi se dire qu'on est pas meilleure que lui pour assumer cette charge.
  2. Avoir une vraie discussion. Ça fait peur, c'est pas simple mais on se sent mieux après. 
  3. Partager son mode de fonctionnement. Faire un planning et l'afficher, on peut en discuter ensemble, car ce ne sera plus votre planning, mais celui de toute la famille.
  4. Définir des domaines où il sera complètement responsable. Mon conjoint est désormais responsable de la cuisine. Je ne vide plus le lave-vaisselle, je ne lave plus les poêles en fonte, par contre, ça me démange encore de passer le balai. 
  5. Lâcher prise. Quand on a l'habitude de tout faire toute seule, on a du mal avec la manière des autres. Mais faut laisser couler ! Mieux vaut fait que parfait.
  6. Simplifier. On se limite à l'essentiel, pas besoin de passer la serpillière chaque soir, ni chaque semaine... 
  7. Partir une semaine, et voir que le monde ne s'est pas écroulé. C'est là qu'on se rend compte qu'on est pas indispensable et qu'il sait très bien utiliser un lave-linge. 
  8. Rester vigilante. Le désir de vouloir trop bien faire revient très vite. 
  9. Continuer de communiquer. 


J'ai encore l'impression d'être la chef de la famille, d'être celle qui anticipe tout. Mais petit à petit, il me soulage en prenant en charge des tâches... et je sais que ça va aller en s'améliorant.



Coralie :)