jeudi 22 juin 2017

en route vers la déconsommation !


Moi dans les années 80. Je n'en avais pas forcément conscience, mais voilà un parfait exemple de petit bonheur participant au grand Bonheur !


Enfant des années 80, j'ai toujours eu l'habitude d'acheter. Acheter comme un réflexe. Acheter comme on respire, c'était inscrit dans nos vies. Chaque sortie sans magasin ni étals était fade et insipide et rentrer de shopping ou de voyage sans achat était un monstrueux échec et une énorme frustration. Pourtant, que m'apportait un vêtement ou un une merde de bibelot de plus quand j'en avais déjà plein ma chambre ou mon appartement ? Le plaisir. Le plaisir rassasié de la nouveauté. L'excitation suprême de la possession. Mais combien de temps durait ce plaisir ? Pas assez apparemment, puisque très vite je succombais à nouveau à l'envie. 

Quand j'ai pris mon premier appartement, je vivais à peine à 10 minutes à pied d'un centre commercial. Je ne travaillais pas encore beaucoup et je m'ennuyais souvent. Alors je faisais ce que j'avais pris l'habitude de faire, je consommais. Je n'avais pas beaucoup de sous, mais qu'à cela ne tienne, j'allais chez Zara. Ne nous avait-on pas appris que plus on possédait plus on était heureux ? Que plus on possédait plus on pouvait briller en société ? N'était-ce pas le comble du chic de pouvoir sortir avec une tenue différente chaque jour et d'étaler à la face du monde notre porte-feuille comme un pied de nez à la société ? D'inviter chez soit les gens pour les impressionner de nos multiples possessions ? Des bonnes affaires, j'en ai fait, et des objets et des vêtements, j'en ai possédés à la pelle ! Aujourd'hui pourtant, pas un seul de ces achats n'est resté. Je me rends compte que je ne les ai jamais vraiment appréciés.

Et puis je développais cette passion dévorante pour le e-shopping. Toutes les merveilles d'internet à porter de clic, c'était magique ! Et la formidable excitation de recevoir un colis était comme un petit Noël à chaque fois. Je ne me rappelle pas la moitié des gadgets que j'ai pu acheter. Une bague fraise cassée au bout de 15 jours (Formidable ! Sur le ton de Gérard Darmon quand Odile Deray lui raconte qu'elle avait dormi en bas parce qu'elle avait prêté son pull. Voilà, ce type d'objet était au moins aussi passionnant), une paire de boucles d'oreille revolver en plastique, des objets de décoration cheap oubliés depuis et des articles Asos au moins aussi bien cousus que ceux de Zara (sans parler de leur éthique commune). J'achetais parce que je pouvais, non pas parce que je voulais.

Mes placards se remplissaient à vue d'œil d'habits et d'objets hétéroclites made in China (ou Indonesia, India ou Cambodia voire même Roumania, même combat !) au moins aussi moches les uns que les autres dont je ne me rappelle même plus. Je vivais seule mais je n'avais déjà plus de place nul part dans mon 52m2. En étais-je alors plus heureuse ? Non. Car les véritables trésors de cette époque ce sont finalement mes souvenirs de jeunesse. Les soirées, les retours en Vélov qui ne roulent pas droits, les concerts, les concerts encore, les expéditions à Paris, Londres, Bruxelles ou Berlin avec les copines. Les crises de rire, les photomatons, les embrassades, les petits verres de trop. Ce sont là les biens les plus précieux. À la poubelle le débardeur synthétique made in China, aux Emmaüs tous les bibelots en plastique et autres kitcheries trouvées en vide-grenier ! Place à l'appréciation plutôt qu'à la possession !

Ça c'est du pur bonheur en tranche de photomatons ! Et on n'avait même pas bu ! Enfin, je crois... 
(big up à Nina et Marie <3 et le bout de soutien-gorge c'est cadeau !)


Aujourd'hui, je ne suis pas passée maître en minimalisme ni ceinture noire de l'achat raisonné, il y a toujours des achats plaisirs qui viennent se glisser entre les achats besoins. Mais je fais attention. J'ai opéré un tri magistral et j'ai donné plus de la moitié de ce que je possédais. Je me sens mieux et j'y vois plus clair. Je sais ce dont j'ai besoin, car j'ai appris à me connaître. Je sais ce qui me va. Je sais ce que je vais lire ou ne pas lire, je sais si un objet va m'enrichir spirituellement ou non. Et quand je fais un achat qui ne va pas dans ce sens, je culpabilise énormément et je finis par le rendre, ou, le cas échéant, le donner (merci les boîtes à partages !). Chaque sous mal dépensé me retourne les boyaux comme un poisson pas frais.

J'ai appris que le bonheur avec un grand B ce sont les petits bonheurs et pas les petits plaisirs. Ce n'est pas acheter la dernière paire de chaussures à la mode ou frimer dans la rue avec une paire de lunettes improbables. Les petits plaisirs, si on les multiplie on n'atteint pas le bonheur, juste un niveau élevé de blase-attitude. Plus tu possèdes, moins tu savoures !

Les petits bonheurs de la vie c'est apprécier ce que l'on a déjà et la chance d'avoir ce que l'on a. Pas besoin de partir à l'autre bout du monde pour ça (même si ce sont des expériences intenses qui nous enrichissent incroyablement aussi) car ce sont souvent des petites choses ! Samedi après-midi, 17h, je portais ma fille dans les bras, ses petits mains sur mes épaules. Nous déambulions sous les arbres, au bord de l'eau. Il faisait bon (pas 37°...). Son petit visage était blotti dans mon cou, le vent soufflait doucement dans la voûte de feuillages que les arbres dessinaient au-dessus de nous, le soleil étincelait à travers les branches et miroitait sur les ondulations douces du fleuve... Cette sensation de bonheur m'a fait me sentir plus riche que tous les Bill Gates du monde ! 

Mon papa m'a souvent dit qu'avant de s'endormir il était bon de se remémorer trois bons moments de la journée. Et c'est tellement vrai ! Parfois ce sont des petits riens, comme un bon café, une légère brise ou un sourire dans la rue. Même ces tout petits bonheurs peuvent nous rasséréner si l'on sait en prendre conscience ! J'ai vu passer ce matin sur un réseau social dont on taira le nom la vidéo d'une jeune femme rétorquant avec aplomb et fierté qu'elle préférait pleurer dans une Ferrari plutôt que de rire sur un vélo. Comme je la plains.



Mélisande



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