mardi 15 novembre 2016

rockestionnaire #4




Aujourd'hui c'est Maureen, alias Diglee, illustratrice pour la presse et l'édition, et autrice du Journal intime de Cléopâtre Wellington qui répond à notre rockestionnaire.


1/ Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Maureen Wingrove ou Diglee, je suis illustratrice et autrice en free-lance, j'ai 28 ans et je vis à Lyon.


2/ Te sens-tu l'âme écolo ? 

Je dirais que je me sens "apprentie écolo". Je me sens de plus en plus consciente de beaucoup de choses en même temps que naît en moi une timide âme de militante. D'une injustice à une autre il n'y a qu'un pas, et tout ce sur quoi je peux agir m'intéresse chaque jour un peu plus. Mais je me sens encore en stage d'apprentissage: je questionne, je lis, j'essaie... je cherche. Et je suis encore loin du compte! ^^


3/ Dans l'éducation que tu as reçue, y avait-il une conscience écolo ?

En partie, oui: sur la perte d'énergie par exemple: l'eau, la lumière à ne pas "gaspiller". On m'a aussi souvent appris à ne pas tout jeter et racheter, mais réutiliser, réparer, se contenter des choses plus longtemps. Mais sans ça, on se posait assez peu de questions, je crois. On triait vaguement nos déchets, mais ce n'était pas un point déterminant de mon éducation.


4/ Si tu en as eu un, quel a été ton déclic ? Une rencontre, un reportage, un livre ? 

Je pense que c'est passé par plusieurs lectures, rencontres, mais surtout par des reportages ou articles, qui ont un peu vulgarisé la cause. Au départ, comme dans beaucoup de combats, la réaction du non militant est toujours un peu boudeuse, parce qu'il se sent agressé, alors qu'il sait que c'est pour le meilleur. J'étais comme ça, jeune. Puis un reportage alarmant après l'autre, j'ai commencé à prendre conscience de l'urgence. 


5/ Quelles sont tes bonnes habitudes ?

Chez moi, c'est d'abord passé par l'alimentation : j'ai supprimé la viande, et j'essaie de mieux connaître la provenance des produits que j'achète. D'acheter moins de produits solo avec emballage plastique (dont Monoprix a le monopole!): mais pour ça je suis encore très nulle, je fais beaucoup beaucoup de déchets. Quand j'achète pour moi seule, j'ai du mal à acheter en grande quantité (ce qui réduirait les déchets), d'autant que je ne cuisine pas. Et ça me navre chaque jour un peu plus.
Après de loooongues batailles et beaucoup beaucoup d'effort, je suis en train de supprimer les fast food (Mc Dooooo, tu vas me manquer!) (j'étais littéralement addict...) , et d'aller dans des restaurants avec peu de choix à la carte qui ne travaillent que des produits frais, voir bio, et qui ont une option végétarienne. Je trie évidemment mes déchets, c'est le minimum, et comme je n'ai pas le permis je ne me déplace qu'en transport en commun ou vélo, pour mes déplacement personnels. Mais je suis encore au niveau 1.



6/ Quelle serait ta prochaine étape ?

J'ai envie de faire des efforts sur ma consommation de vêtements, et chez qui je les achète. J'essaie de boycotter Zara, mais je peine encore. Pourtant je SAIS qu'ils sont en train de ravager des pays entiers en déversant leurs produits toxiques dans les sols et points d'eau, qu'ils exploitent leurs employés et mettent leur santé en danger en ne respectant pas les règles de sécurité de base, ET QU'EN PLUS ils pillent les contenus d'autres créateurs ou artistes: et ça en tant qu'artiste, ça me fait enrager.
H&M même combat, (une robe à 9 euros, c'est FORCÉMENT LOUCHE) mais je n'arrive encore pas à freiner correctement mes ardeurs d'acheteuse compulsive: les fringues, c'est ma seule addiction (après le mc do, donc).

J'essaie de minimiser : je fouille les friperies, vide-greniers, sites de vide dressing ou encore les boutiques Etsy, pour acheter plus rare, plus unique. Mais j'ai un vrai travail à faire sur mon lien aux vêtements, sur cette abondance écœurante de fringues dans laquelle je me noie complètement. De temps à autre, j'organise des vide dressing, j'apprends à jeter beaucoup, à donner aux assos type Foyer des Sans abris ou Emmaüs. J'achète aussi 80% de ma garde robe chez American Apparel, qui fabrique tous ses vêtements à Los Angeles, sans délocaliser donc (c'est peu, mais ça me rassure, dans un premier temps).

De manière générale, j'ai à apprendre à moins consommer, moins acheter: acheter mieux, et moins souvent. Chez moi l'acte d'achat s'est vite muté en symbole de liberté: je désire, donc je m'offre. Mais en fait, très vite je me sens étouffée par l'orgie d'objets, vêtements, chaussures qui s'amassent chez moi.
Je suis parvenue à calmer mes achats de chaussures: une à trois paires par an, pas plus (j'étais à huit il y a quelques années...)
Donc de plus en plus régulièrement, je tente une tornade: je prends chaque objet ou vêtement, et si d'emblée je ne ressens rien, si l'objet en question n'a pas été touché ou déplacé depuis trois ans: poubelle (ou carton de don).
Pour les belles pièces, je garde pour d'éventuels vide dressing ou ventes annexe. Mais jeter/donner est plus satisfaisant VITE. Il faut libérer de l'espace.
Là je vais déménager dans deux mois, ça va être l'occasion de faire le vide.



7/ Ce qui t'énerve le plus au quotidien ?

Le fait de voir que cette cause écolo, qui pourtant nous concerne TOUS  (y'a qu'une seule planète habitable pour le moment que je sache, donc il me semble quand même urgent de s'en soucier) est traité avec beaucoup de condescendance, et est quasiment absent du discours politique actuel, trop focalisé sur le burkini ou la loi du travail.
On va d'info alarmante en info alarmante (comme ce décompte annuel du moment ou l'on commence à puiser dans nos ressources, qui recule chaque année...), et pourtant rien n'est acté, rien n'est mis en lumière sérieusement;
C'est un discours bébé et naïf que je tiens là, mais justement: en novice de l'écologie, j'aimerais sentir que le pays, slash le monde en ont quelque chose à foutre.

Et après, JE m'énerve de faire l'autruche, parfois, moi aussi.


8/ Quelle est ta plus grosse honte ?

Ma plus grosse honte pourrait être ce moment l'année dernière où j'avais ultra envie d'un type de gâteau en particulier, et qu'une fois acheté, j'ai enlevé pas moins de TROIS COUCHES d'emballages avant de pouvoir le manger (les biscuits étaient dans un plastique, puis dans un carton, puis par 3 dans un autre plastique!!). Je me suis dit que c'était franchement une aberration. J'avais cédé au marketing un triste soir d'hiver glacial, et quand j'ai jeté tous les déchets de cette seule boîte, je me suis jurée de ne plus jamais céder.
Croisez les doigts pour moi cet hiver.

 

9/ Une habitude vraiment pas bien à nous avouer ?

Le bain.
Je ne sais pas vivre sans bain, dès qu'il fait moins de 20 degrés. Je reste trois heures dedans (mais j'ai acheté une baignoire en fonte, donc je n'aurai plus besoin de réchauffer l'eau plusieurs fois par heure!... hem...): j'y lis, j'y médite, j'y dors, je... non je vis littéralement dans mon bain l'hiver. Ça c'est le mal absolu, l'affreux privilège de pays riche. Et c'est ma maladie incurable... Je tente de me le garder pour des moments forts, déjà parce que je n'ai pas non plus trois heures à perdre par jour, je dois quand même bosser et vivre, et pour le limiter le plus possible. Mais je suis à mille lieues d'être capable de prendre une micro douche "responsable. 



10/ Une astuce à partager avec nos lecteurs ?  

Juste commencer par lire des articles à ce sujet! Ton article sur la viande par exemple m'a vraiment confortée dans mon choix de tenter de devenir végétarienne.
Il n'y a qu'en s'informant qu'on peut parvenir à améliorer, à ajuster notre comportement.
#phrasebateaudujourbonjour


Merci Maureen :)



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire